Elles se sont montrées à la hauteur des enjeux en soutenant massivement les secteurs de l’intérêt général les plus touchés ! C’est le constat que fait l’association assurant le développement du mécénat en France, via une étude sur le comportement des entreprises durant la crise sanitaire et sociale (*).
Première constatation, si 61% ont maintenu leurs investissements habituels, 31% déclarent avoir augmenté leur budget mécénat durant cette période. Concrètement, cela s’est traduit pour 86% par des actions spécifiques au Covid et c’est l’aide d’urgence aux populations vulnérables qui arrive en première place avec 67% des mécènes engagés. Viennent ensuite le soutien scolaire et la lutte contre le décrochage scolaire (47%) suivi de l’aide aux hôpitaux et autres établissements de santé (40%). Ainsi, les entreprises ont agi de façon très complémentaire aux actions de l’État. La recherche médicale, secteur traditionnellement peu soutenu par les mécènes (environ 11% du budget total du mécénat en France) a vu sa côte de popularité remonter en flèche : un tiers des entreprises interrogées ont fait des dons pour ce secteur.
Concernant le recours au mécénat, il s’est fait sous toutes ses formes (58% des interrogées ont utilisé au moins 2 formes de mécénat). Les dons financiers ont évidemment afflué, mais on constate également une montée en puissance du mécénat en nature (masques, gels hydro-alcooliques, denrées alimentaires…) et de l’engagement des collaborateurs via du bénévolat ou du mécénat de compétences.
A noter que les entreprises se sont engagées très rapidement et 87% l’ont fait aussi par d’autres moyens que le mécénat : mobilisation des ressources de l’entreprise (47%), renforcement de la communication sur les besoins des associations (42%), activation du réseau (40%), autant d’actions difficilement valorisables mais qui ont grandement contribué à répondre à l’urgence. D’ailleurs, pour mutualiser leurs ressources et gagner en efficacité, de nombreuses entreprises se sont fédérées autour de collectifs déjà existants ou créés au début de la crise. Passant outre les enjeux de concurrence et les rivalités habituelles, elles ont joué la carte de la coopération entre acteurs privés, tout en s’appuyant sur les associations, les ONG et les institutions publiques.
Enfin, concernant l’avenir, l’Admical estime que si le renforcement du rôle sociétal des entreprises était déjà à l’œuvre, la crise a accéléré la prise de conscience et bouleversé les pratiques. Ainsi, les entreprises interrogées sont nombreuses à vouloir renforcer les ressources structurelles de leurs partenaires associatifs, même si l’ampleur présumée de la crise économique à venir interroge leur capacité à poursuivre leurs actions sociétales. Si les budgets des fondations sont sanctuarisés jusqu’à la fin de leur mandat, les fonds alloués pour les actions « en régie directe » ne sont pas garantis et pourraient diminuer. On peut craindre que les entreprises qui ont subi la crise de plein fouet (et plus particulièrement les PME) mettront l’essentiel de leurs ressources au service de leur pérennité plutôt que de leurs actions de solidarité. En parallèle, des secteurs de l’intérêt général jugés moins prioritaires dans le contexte actuel (comme le sport ou la culture) pourraient également souffrir d’une réorientation des budgets des entreprises vers d’autres causes. Plus d’infos : www.admical.org
(*) étude réalisée entre avril et juin auprès de 40 adhérents