« Sur un festival de musique, la scéno permet de raconter une histoire »
On parle toujours des festivals sous l’angle de la programmation mais la scéno est devenue un facteur différenciant…
« Depuis une dizaine d’années, les organisateurs de festivals de musique cherchent à créer un univers pour offrir au public un lieu de vie permettant de le faire participer à une expérience, de générer de l’émotion et du « vécu », de favoriser les rencontres… Tout cela dépasse le cadre de la programmation musicale, de la présence des artistes et du line up. La scénographie aide à raconter une histoire et permet aux festivaliers de profiter des performances tout en pouvant aussi se détendre (chiller…), en se restaurant et en faisant de nouvelles connaissances autour d’un verre ou d’un burger. Les plonger dans une expérience immersive, sensorielle, sonore et ludique en réunissant ces différentes communautés qui ne viennent pas uniquement pour assister au concert d’un artiste en particulier, mais bel et bien vivre un moment intense, générateur de souvenirs et de rencontres qui imprimera les mémoires collectives. »
Concrètement, comment abordez-vous la scéno d’un festival ?
« Il y a deux types de besoins : faire émerger une idée créative/artistique que nous concrétisons ensuite afin de donner une identité à l’événement, créer un univers artistique global que nous produisons dans sa totalité (plans, AMO, 3D, light…). Cependant, le point de départ est souvent scénique car c’est notre domaine d’expertise et notre terrain de jeux préféré. Ensuite, cela s’étend à d’autres espaces tels que le village, les autres scènes, les entrées et les points de restauration pour obtenir un effet à 360 pourrait-on dire. Dans cet objectif, notre équipe s’est étoffée avec d’autres profils comme des architectes qui participent à construire et raconter cette histoire. »
On vous retrouve notamment dans l’électro…
« Nous avons une vraie appétence et expérience dans ce domaine, même si j’adorerais aller vers d’autres univers musicaux ! Nous avons collaboré à toutes les éditions du Weather Festival qui a laissé un grand vide…Et cela fait maintenant 10 ans que nous sommes sur l’Electrobeach Music Festival, une grand-messe de renommée internationale qui attire chaque mois de juillet environ 100 000 spectateurs à Port-Barcarès. Nous assurons la conception scénique et technique de l’événement en nous réinventant chaque année. C’est un véritable défi de parvenir à se renouveler à chaque édition ! Notre style est reconnaissable mais c’est, à chaque fois, différent. La particularité de ce festival est l’absence de décors scéniques au profit de décors techniques, ce qui répond à la prise de conscience en matière de responsabilité sociale des festivals et à la nécessité d’une économie circulaire. »
Quels conseils donneriez-vous à un organisateur ?
« Ce serait de nous faire entrer plus tôt dans la danse ! Les dimensions scéno, direction artistique et assistance à maîtrise d’ouvrage doivent être abordés en amont pour éviter bien des déconvenues. Je suis convaincu que cela fait la différence. Quand on compte plus de 500 festivals juste l’été en France… il faut arriver à émerger et faire la différence en étant attractif, cohérent avec l’environnement du lieu et savoir surprendre ! Sur ce point, j’adore détourner un élément de l’espace comme, par exemple, un bâtiment qu’on va avoir envie de pimper au lieu de le cacher… ce geste créatif participe bien sûr à la scéno. »
Quel est votre regard sur la mise en scène des festivals à l’étranger ?
« En général et, pour avoir la chance de les visiter, ils disposent de moyens bien supérieurs aux nôtres ! Aux Etats-Unis, par exemple, les budgets et le nombre de spectateurs sont d’une tout autre envergure… C’est également le cas, plus près de chez nous, en Belgique ou en Allemagne. Globalement, j’ai l’impression qu’ils poussent plus loin la réflexion, notamment en ce qui concerne la scénographie. Cependant, les organisateurs Français progressent également en la matière ! Et, les villes commencent, elles aussi, à comprendre qu’un festival est aussi une réalité économique autant qu’un sujet de réputation/marketing… ».