Les cérémonies d’ouverture et de clôture de grands événements… l’agence Française connaît bien. Mais, quand il s’agit de travailler dans un pays qui ne maîtrise pas du tout l’événementiel… l’histoire devient beaucoup plus compliquée! C’est ce que nous raconte Emmanuel David, à peine rentré de la Guinée Equatoriale où il produisait le 21 janvier, au stade de Bata, la cérémonie d’ouverture de la 28e Coupe d‘Afrique des Nations.
Emmanuel David, dg de Market Place
Jeux de la Francophonie au Liban, indépendances du Gabon et du Congo… vous êtes habitué aux grandes cérémonies. En quoi celle-ci était-elle différente?
« La compétition est co-organisée par le Gabon et la Guinée Equatoriale où s’est déroulée la cérémonie d’ouverture. Or, ce petit pays de 600000 habitants n’a jamais mis en place d’événement, ni même tiré plus de 2 feux d’artifice d’une minute chacun dans toute son histoire! Nos interlocuteurs n’étaient donc pas très familiers d’un tel spectacle, d’autant plus qu’ils étaient déjà très occupés par la mise en œuvre de la compétition en elle même. Cela a donc parfois généré des situations plutôt cocasses comme devoir acheter des groupes électrogènes à 15 jours des répétitions car l’énergie promise depuis 6 mois n’arrivait pas… à faire retirer des panneaux pub dans le stade pour pouvoir faire entrer les artistes… ou encore à quitter notre hôtel pour laisser la place aux vip de la première dame du pays! Le tout par 35° avec un taux d’humidité qui nous a empêché de répéter sur la pelouse du stade en raison du risque de colonisation en 24 h d’un champignon noir… On peut dire que le contexte était vraiment très particulier.»
Ce n’était donc pas gagné… comme on dit!
« Non, d’autant plus que tout se fait là bas au dernier moment. Nous avons dû nous adapter : répéter de nuit dans des parkings, passer un nombre incalculable de coups de fil aux ministres concernés qui ne comprenaient pas toujours nos impératifs ni l’urgence, changer les séquences du spectacle à quelques jours de l’événement, former et discipliner les participants, etc. En plus, nous avions une pression énorme avec une grosse responsabilité financière vis-à-vis du respect des délais pour les retransmissions TV. Il valait mieux pour nous que le résultat soit à la hauteur de leurs attentes… si vous voyez ce que je veux dire! D’ailleurs, ils ont été épatés car ils pensaient vraiment que nous ne réussirions pas.»
Comment avez-vous été choisi ?
« J’avais rencontré le comité d’organisation, via notre maison mère GL events, lors des Jeux de la Francophonie à Beyrouth, il y a 2 ans. Les membres avaient apprécié le spectacle et nous ont donc intégré à l’appel d’offre aux côtés d’agences Sud-Coréenne, Sud Africaine et Espagnoles car la Guinée Equatoriale est une enclave Espagnole. Nous avons finalement été choisi par le Cocan, comité d’organisation de cette 28e Coupe de la Confédération Africaine de football.»
Quel a été votre parti pris artistique?
« Nous avons confié la conception et la mise en scène à Daniel Charpentier. Celui-ci a opté pour le symbole des 7 fleuves communs au Gabon et à la Guinée Equatoriale illustrés par 7 chemins menant à un grand monolithe des images (une structure gonflable centrale de 12 mètres de haut) s’ouvrant à la fin pour dévoiler la mascotte de la compétition. Parmi les temps forts de ce show de 30 minutes : les 7 provinces représentés via des danses et chants, 3 séquences évoquant la terre, l’eau et la jungle avec des images projetées – notamment au sol – dans des effets très impressionnants, la mise en valeur des 16 pays participants, les hymnes, un feu d’artifice de 7 minutes… sans oublier les discours des officiels dont celui du président de la république du pays Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.»
Prochain rendez-vous?
« La cérémonie de clôture, signée Philippe Cieutat, qui se déroulera le 12 février au stade de Libreville au Gabon. Le président Bongo et les membres du Cocan Gabonais qui étaient présents à la cérémonie d’ouverture ont beaucoup aimé le spectacle et s’attendent à encore mieux! En attendant, nous y avons déjà organisé une autre opération, le 23 janvier, à la demande de la première dame. Il s’agissait d’une chorégraphie avec lâcher de ballons en faveur de la manifestation «Can sans Sida» dont nous avons par ailleurs réalisé tous les visuels de campagne».
– 28e Coupe d’Afrique des Nations (21 janvier au 12 février) en Guinée Equatoriale et au Gabon
– 1200 participants au show, 100 techniciens, une équipe d’organisation de 80 personnes dont Raymond Lopez, 30000 spectateurs, 1150 costumes, 28 vidéoprojecteurs 30kw…
– Prestataires : GL audiovisuel, De Préférence, ETC, Katharsis Films (audiovisuel/son/images); ATC (structures gonflables, bâches); Lacroix-Ruggieri (feu artifice); Gilles Amado (réalisation), Œil du Diaph (photos), etc.
10e année de présence sur le continent, 7e pays «expérimenté», 2e Coupe d’Afrique des Nations et… 3e collaboration avec Market Place. On serait tenté de dire que l’événementiel Africain n’a plus de secrets pour Daniel Charpentier! Concepteur et metteur en scène de cette cérémonie d’ouverture, il a procédé comme à son habitude en s’immergeant dans l’histoire du pays: « Mais c’est un événement qui dépasse le pays et concerne tout un continent fondu de foot! » précise celui qui aime travailler en famille et a d’ailleurs embarqué dans cette nouvelle aventure son fils Adrien, dg de la société Katharsis Films. Mais au delà des liens du sang, il a retrouvé sa famille événementielle avec Market Place et s’en est forgée une d’adoption, en intégrant le maximum d’artistes et créateurs locaux pour faire de cet événement… une vraie fête de famille!
Crédits : DR